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Qu’est-ce que le régime de TVA mini réel ?

Qu’est-ce que le régime de TVA mini réel ?

Par Audrey Roy

Audrey Roy est diplômée d'un master II en droit de l'entreprise.

Publié le 8/14/2025 - Mis à jour le 8/18/2025

Le régime de TVA mini-réel occupe une position particulière, à mi-chemin entre le régime réel simplifié et le régime réel normal. Destiné à certaines entreprises et freelances, il permet de combiner une gestion mensuelle ou trimestrielle de la TVA avec des obligations comptables et fiscales allégées pour l’imposition des résultats. 

Ce dispositif, souvent méconnu, offre ainsi une alternative adaptée aux structures dont l’activité requiert une gestion plus réactive de la TVA (déclaration, paiement et crédit de TVA), sans pour autant supporter la complexité du régime réel normal pour l’imposition des bénéfices. Voici comment …

Régime de TVA mini-réel : de quoi il retourne ?

En quoi consiste le régime de TVA mini-réel ?

Le régime de TVA mini-réel constitue un mode d’imposition hybride. Ce dernier a été pensé comme un compromis attractif pour les petites et moyennes entreprises qui souhaitent optimiser la gestion de leur TVA et bénéficier d’une simplification de leur fiscalité sur les bénéfices. 

Concrètement, il s’agit pour l’entreprise d’appliquer le régime réel normal sur la TVA — qui implique une déclaration mensuelle ou trimestrielle de cette taxe — tout en continuant à bénéficier du régime simplifié pour l’impôt sur les sociétés ou l’impôt sur le revenu. Cette distinction permet aux structures concernées de se conformer aux exigences de la TVA (notamment l’obligation d’effectuer des déclarations fréquentes via le formulaire CA3), sans subir la lourdeur administrative du régime normal pour l’ensemble de leur comptabilité et de leurs obligations fiscales sur les bénéfices.

Bon à savoir

Il est possible d’effectuer une déclaration trimestrielle de TVA lorsque le montant de TVA annuelle due est inférieur à 4 000 €.

Le choix du mini-réel permet notamment aux entreprises de solliciter le remboursement de leurs crédits de TVA beaucoup plus rapidement que dans le régime simplifié. Au lieu d’attendre la déclaration annuelle de régularisation, elles peuvent obtenir un remboursement mensuel, ce qui améliore significativement leur trésorerie. Cette configuration s’adresse avant tout aux sociétés qui réalisent de nombreux investissements et qui génèrent un important crédit de TVA, comme les entreprises du secteur du commerce ou de la prestation de services. 

À la différence du régime réel normal, le mini-réel évite à une PME de devoir mettre en place immédiatement toute l’architecture comptable et réglementaire liée à ce régime, tout en facilitant la gestion au quotidien.

Typiquement, le régime mini-réel offre à des structures comme les SARL, SASU, ou autres sociétés commerciales la possibilité de bénéficier d’un mode de gestion qui conjugue flexibilité pour la TVA et simplicité pour l’imposition sur les résultats. Il ne s’adresse néanmoins pas aux micro-entrepreneurs (auto-entrepreneurs), qui dépendent d’autres seuils et modalités spécifiques (ex. : franchise en base de TVA en micro-entreprise).

Quels sont ses avantages et inconvénients ?

Le régime mini-réel de TVA offre une série d’avantages concrets qui le rendent particulièrement attractif pour certaines entreprises. L’un des bénéfices les plus manifestes réside dans la possibilité de déclarer et de récupérer la TVA tous les mois, ce qui permet d’obtenir un remboursement quasi immédiat des crédits de TVA

Cela constitue un atout décisif pour les sociétés qui ont des achats réguliers d’équipement ou de matières premières et qui, en régime simplifié, se voient souvent pénalisées par le report du remboursement d’un an (déclaration annuelle). Ce fonctionnement mensuel évite que la trésorerie ne soit grevée par une créance de TVA immobilisée.

Le mini-réel préserve aussi une partie de la simplicité administrative du régime simplifié d’imposition des bénéfices, évitant aux entreprises la transition immédiate et exhaustive vers un régime de comptabilité renforcée imposé par le réel normal. Les procédures de déclaration et d’acompte restent accessibles, et la gestion comptable ne requiert pas d’adopter instantanément toutes les obligations, notamment en matière d’annexes et de justificatifs. Par ailleurs, la déclaration mensuelle de TVA permet de lisser les paiements et d’anticiper plus précisément la trésorerie.

Malgré tous ces atouts, ce régime présente cependant quelques inconvénients. Il suppose une gestion plus régulière de la TVA, avec un suivi comptable précis de l’ensemble des opérations, ce qui peut accroître la charge de travail administratif par rapport au régime simplifié de TVA. 

Cette régularité peut rebuter les entreprises peu rodées aux outils de suivi de gestion, ou celles pour qui la volumétrie d’opérations reste modeste. 

De même, bien que le mini-réel soit conçu pour préserver une charge administrative réduite, il implique tout de même de respecter les modalités et délais stricts liés au dépôt des déclarations mensuelles ou trimestrielles de TVA. Un défaut ou un retard de déclaration peut exposer l’entreprise à des pénalités fiscales.

À noter

Le mini-réel ne s’adresse pas à tous les statuts d’entreprise : il ne concerne pas les micro-entreprises et peut s’avérer inadapté pour les structures très petites ou nouvellement créées (suivi mensuel trop contraignant par rapport au nombre de ventes réalisé).

En résumé, le régime mini-réel s’impose comme :

un compromis entre fluidité de la gestion de TVA et rapidité du remboursement des crédits de TVA ;

une préservation d’une certaine simplicité administrative ;

un régime qui exige un suivi rigoureux et reste inadapté pour les TPE ou les entreprises souhaitant éviter toute complexité comptable.

Qui peut demander le régime mini-réel de tva ?

Pour bénéficier du régime mini-réel, une entreprise doit respecter certains plafonds de chiffre d’affaires fixés par la réglementation fiscale.

En 2025, ces seuils sont les suivants :

entre 77 700 € et 254 000 € HT pour les prestations de services ;

entre 188 700 € et 840 000 € HT pour les activités commerciales ou artisanales.

À l’intérieur de cette fourchette, toutes les entreprises - indépendamment de leur statut juridique (SARL, SAS, SASU, EURL, etc.) - peuvent demander l’application du régime mini-réel.

La fiscalité française prévoit une certaine souplesse : tant que l’entreprise ne dépasse pas ces seuils, elle conserve l’option de ce régime. Si elle franchit l’un des plafonds, elle bascule automatiquement sous le régime réel normal. En pratique, ces seuils laissent un large choix aux petites et moyennes entreprises, leur permettant d’anticiper les franchissements de seuils et d’organiser leur transition fiscale.

Bon à savoir

Les micro-entrepreneurs sont soumis par défaut au régime de franchise en base de TVA. La micro-entreprise applique un mode de calcul d’imposition simplifié, avec exonération de TVA tant que le seuil de TVA n’est pas dépassé.

Comment procéder pour demander le régime mini-réel de TVA et faire sa déclaration ?

Quand opter pour le régime mini-réel ?

Les chefs d’entreprise peuvent opter pour le régime mini-réel :

au moment de la création de leur entreprise (ex. : EI) ou de leur société (ex. : EURL, SASU, SARL…) ;

ou après - lors d’un exercice comptable ultérieur (ex. : l’année suivant la création de l’entreprise) - en anticipant cette demande lors de leur déclaration annuelle de chiffre d’affaires.

Lors de la création

Dès la constitution de la société, l’entrepreneur peut choisir le régime mini-réel. Ce choix lui permet d’aligner le fonctionnement administratif et fiscal de la structure sur ses besoins en termes de trésorerie et de gestion. 

Cette démarche s’effectue lors de l’enregistrement de la société auprès du service des impôts, en signalant le choix du mini-réel dans le dossier d’immatriculation. Lors de cette étape, il est conseillé à l’entrepreneur de se faire accompagner par un expert-comptable pour déterminer l’option la plus adaptée.

En optant pour le mini-réel dès la création, l’entreprise s’assure de bénéficier immédiatement du mode de déclaration mensuelle ou trimestrielle de la TVA. Cela facilite le remboursement rapide du crédit de TVA concernant les décaissements liés aux achats et investissements de démarrage. Ce choix se révèle donc particulièrement pertinent pour les entreprises qui anticipent une part significative de dépenses professionnelles générant un crédit de TVA (montant de TVA déductible supérieur au montant de la TVA due) dès les premiers mois d’activité.

Après la création

En dehors de la phase de création, l’option pour le mini-réel reste possible chaque année. Une entreprise peut modifier son régime d’imposition à la TVA lors de la clôture de son exercice fiscal en effectuant une demande auprès de l’administration fiscale. La demande doit être transmise avant le 1er février pour un exercice coïncidant avec l’année civile. Cette flexibilité permet à l’entrepreneur d’ajuster son régime en fonction de l’évolution de l’activité, des performances et des réalisations chiffrées des exercices précédents.

Par exemple, lorsqu’une société constate que le régime simplifié ne correspond plus à ses besoins (ex. : des crédits de TVA importants ou une croissance du chiffre d’affaires), elle peut demander le passage au mini-réel. Cette demande permet d’anticiper la récupération accélérée des crédits de TVA et d’obtenir une gestion plus dynamique de sa trésorerie.

Le formulaire de déclaration

L’obligation déclarative du régime mini-réel est identique à celle du régime réel normal concernant la TVA. La société doit remplir mensuellement ou trimestriellement le formulaire CA3 (n° 3310-CA3-SD), qui décrit en détail les encaissements, les acquisitions et la TVA collectée et déductible sur la période écoulée. 

La déclaration doit parvenir à l’administration fiscale dans les 15 à 24 jours qui suivent la clôture de la période de référence. Le paiement de la TVA doit être effectué dans les délais impartis pour éviter toute majoration ou pénalité.

La version électronique du formulaire est disponible via le portail des impôts ou le service en ligne Impots.gouv.fr. Une déclaration en ligne garantit un traitement rapide et, en cas de crédit, un remboursement de crédit de TVA dans les jours qui suivent. 

Ce régime prévoit la possibilité d’ajuster le rythme des déclarations, selon si la société préfère la mensualisation ou (pour les petits montants de TVA annuelle inférieur à 4 000 €) la déclaration trimestrielle.

Tableau comparatif des régimes de TVA (2025)

Régime TVASeuil de CA annuelModalités déclarativesRécupération du crédit de TVANiveau de complexité comptable
Franchise en base85 000 € (vente) / 37 500 € (service)Aucune déclaration (HT)Pas de TVA facturée ni récupéréeTrès faible
Réel simplifié840 000 € (vente) / 254 000 € (service)2 acomptes semestriels + régularisation annuelleRemboursement annuelSimple
Mini-réel840 000 € (vente) / 254 000 € (service)Déclaration mensuelle (CA3) ou trimestrielleRemboursement mensuel ou trimestrielMoyen (hybride)
Réel normal> 840 000 € (vente) / 254 000 € (service)Déclaration mensuelle (CA3)Remboursement mensuelComplexe (comptabilité complète)
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