Comment gérer la comptabilité de son EURL ?
Vous dirigez une EURL et vous cherchez à y voir plus clair dans vos obligations comptables ? Livres comptables, comptes annuels (bilan, compte de résultat, annexes), nomination d’un commissaire aux comptes ou encore distinction entre la comptabilité d'engagement et la comptabilité de trésorerie, on fait le point.
Comprendre les bases de la comptabilité en EURL
Qu’est-ce qu’une EURL et quelles sont ses spécificités juridiques ?
L’EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée) est une société commerciale qui se distingue par sa structure unipersonnelle (encadrée par les articles L.223-1 et suivants du Code de commerce).
L’associé unique bénéficie d’une responsabilité limitée à hauteur de ses apports, protégeant ainsi son patrimoine personnel, sauf en cas de faute de gestion. Ce statut est adapté aux activités industrielles, commerciales, artisanales ou libérales.
L’EURL offre une grande flexibilité dans sa gestion : l’associé unique peut être le gérant ou il a la possibilité de nommer un tiers à ce poste.
Contrairement à une SARL, aucune assemblée générale n’est requise pour prendre des décisions importantes, ce qui simplifie les démarches administratives. Cependant, l’EURL reste soumise aux obligations des sociétés commerciales, comme le dépôt annuel des comptes au greffe et le respect des règles comptables.
Les principes fondamentaux de la comptabilité commerciale pour une EURL
La comptabilité commerciale d’une EURL repose sur des principes stricts visant à garantir la transparence financière.
Elle doit :
être régulière (respect des normes comptables) ;
être sincère (fidèle à la réalité) ;
présenter une image fidèle de la situation financière de l’entreprise.
Ces principes impliquent :
l’enregistrement chronologique des transactions (achats, ventes, paiements) ;
l’émission de factures conformes ;
la réalisation d’un inventaire annuel pour contrôler la valeur des éléments de son actif et de son passif ;
l’établissement des comptes annuels comprenant le bilan, le compte de résultat et l’annexe légale à la fin de chaque exercice comptable ;
la conservation des documents comptables et des pièces justificatives afférentes pendant dix ans.
Les différences entre comptabilité d’engagement et comptabilité de trésorerie
La comptabilité d’engagement enregistre les transactions dès qu’un engagement est pris (par exemple, à la réception et à l’émission d’une facture), même si le paiement n’a pas encore eu lieu. Elle permet d’anticiper les flux financiers futurs et donne une vision prévisionnelle des résultats. Une deuxième écriture comptable sera à enregistrer lors du paiement de la facture.
En revanche, la comptabilité de trésorerie ne prend en compte que les mouvements effectifs d’argent (encaissements et décaissements). Elle offre une vision immédiate de la trésorerie disponible mais ne reflète pas les engagements futurs.
À noter :
Les dettes et les créances sont tout de même constatée à la fin de l’exercice.
En EURL, le choix entre ces deux méthodes dépend notamment du montant de leur chiffre d’affaires.
Seules les EURL sous le régime simplifié d’imposition peuvent avoir une comptabilité de trésorerie.
Il s’agit des EURL à l’impôt sur le revenu (IR) qui réalisent :
des bénéfices industriels ou commerciaux (BIC) à condition d’avoir un chiffre d’affaires annuel hors taxes (HT) inférieur à 840 000 € pour des activités d’achat/revente et à 254 000 € pour des prestations de services ;
des bénéfices non commerciaux (BNC) sous le régime de la déclaration contrôlée (c’est-à-dire n’ayant pas opté pour la micro-entreprise).
Une entreprise à l’IS peut également relever du régime simplifié à condition de respecter les seuils définis pour les BIC.
Les obligations comptables d’une EURL
L’enregistrement chronologique des opérations financières
L’enregistrement chronologique consiste à noter toutes les transactions financières dans un journal comptable au fur et à mesure qu’elles surviennent. Cela inclut par exemple, les achats, les ventes, les mouvements bancaires et les frais généraux.
Chaque opération doit être :
accompagnée de justificatifs (factures, relevés bancaires) ;
codifiée selon le plan comptable ;
décrite avec précision (date, montant, nature).
Cette rigueur garantit la traçabilité des flux financiers et facilite les audits.
Prenons une EURL qui achète du matériel informatique pour 5 000 € le 15 février 2025. L’écriture comptable correspondante pourrait être :
Débit : Compte 2183 “Matériel de bureau et matériel informatique” pour 5 000 €.
Cette opération serait enregistrée dans le livre-journal à la date du 15 février avec la mention "Achat matériel informatique - Facture n°12345".
En effet, l’enregistrement chronologique des opérations se fait dans le livre-journal, au jour le jour et en fonction du plan général comptable.
À noter :
Le Code de commerce impose que le livre-journal soit tenu sans blanc ni rature et conservé pendant au moins dix ans. Cette obligation vise à préserver l’intégrité des données financières et à garantir leur accessibilité en cas de litige ou d’inspection.
Une EURL doit également tenir un grand livre. Ce dernier reprend les écritures du livre-journal et les ventilent en fonction du plan général comptable de l’entreprise.
L’inventaire annuel : définition et importance
L’inventaire annuel est obligatoire pour toutes les entreprises commerciales non agricoles. Il consiste à vérifier l’existence et la valeur des actifs (stocks et immobilisations) et des passifs (dettes) au moins une fois par an. Pour rappel une immobilisation est un bien que l’EURL va utiliser durablement pour son exploitation.
Cette opération se traduit par un décompte physique des biens détenus par l’entreprise et une évaluation financière de ces éléments. Par exemple, les stocks sont valorisés au coût d’achat ou au coût de revient, tandis que les immobilisations peuvent être ajustées en fonction des amortissements ou des dépréciations.
Cet exercice permet d’établir un bilan précis et de prévenir les fraudes fiscales.
Attention :
En cas d’absence d’inventaire, l’entreprise s’expose à une amende pouvant atteindre 9 000 € selon l’article L241-4 du Code du commerce.
Prenons une EURL spécialisée dans la vente d’équipements électroniques. Lors de son inventaire annuel au 31 décembre 2024 :
elle recense 500 unités en stock pour un produit vendu 100 € pièce ;
le coût unitaire d’achat est évalué à 60 € ;
la valeur totale du stock est donc enregistrée comme un actif au bilan pour 30 000 €.
En parallèle, elle identifie une créance client impayée depuis plus de six mois pour un montant de 5 000 €. Après analyse, cette créance est jugée irrécouvrable et doit être provisionnée comme perte dans le compte de résultat.
À noter :
Depuis le 1er janvier 2016, les entreprises n’ont plus l’obligation de tenir en livre d’inventaire. Néanmoins, elles doivent toujours réaliser un inventaire annuel de leurs actifs et de leurs passifs.
Les comptes annuels : bilan, compte de résultat et annexes
Les comptes annuels sont un ensemble de documents financiers obligatoires pour toutes les EURL. Ils permettent de présenter une image fidèle de la situation financière et des performances de l’entreprise à la fin de chaque exercice comptable.
Ces documents incluent :
le bilan ;
le compte de résultat ;
l’annexe légale.
Le bilan comptable est un état financier qui présente les actifs (ce que l’entreprise possède) et les passifs (ce qu’elle doit) à une date donnée (généralement la clôture de l’exercice).
Il offre une vision synthétique du patrimoine de l’EURL et se divise en deux parties :
1. Actifs :
- Immobilisations (matériel, équipements, brevets) ;
- Stocks ;
- Créances clients ;
- Trésorerie disponible.
2. Passifs :
- Capitaux propres (apports du gérant, bénéfices non distribués) ;
- Dettes financières (emprunts bancaires) ;
- Dettes fournisseurs ;
- Dettes fiscales et sociales.
Par exemple, une EURL ayant des actifs totaux de 150 000 € (dont 50 000 € en immobilisations et 20 000 € en trésorerie) et des passifs totaux de 120 000 € (dont 70 000 € en capitaux propres) présente une situation financière équilibrée avec un excédent net patrimonial.
Le bilan est essentiel pour évaluer la solvabilité et la structure financière de l’entreprise. Il permet également de déterminer si l’EURL dispose des ressources nécessaires pour financer ses activités ou si elle est trop endettée.
Le compte de résultat regroupe toutes les charges et produits générés par l’EURL au cours d’un exercice comptable.
Il calcule la différence entre ces deux masses pour déterminer le résultat net comptable : bénéfice ou déficit.
1. Charges :
- Charges d’exploitation : achats, frais généraux, charges de personnel, impôts.
- Charges financières : intérêts d’emprunt, frais bancaires.
- Charges exceptionnelles : amendes, pertes sur cessions d’actifs.
2. Produits :
- Produits d’exploitation : chiffre d’affaires, subventions.
- Produits financiers : intérêts perçus, dividendes.
- Produits exceptionnels : indemnités d’assurance.
Type de charges | Exemple | Type de produits | Exemple |
---|---|---|---|
Charges d’exploitation | Achat de matières premières | Produits d’exploitation | Chiffre d’affaires |
Charges financières | Intérêts bancaires | Produits financiers | Dividendes perçus |
Charges exceptionnelles | Dommages et intérêts payés | Produits exceptionnels | Vente d’une immobilisation |
Par exemple, une EURL ayant généré un chiffre d’affaires annuel de 200 000 € avec des charges totales de 150 000 € affiche un bénéfice net comptable de 50 000 €. Ce document est crucial pour analyser la rentabilité des activités et identifier les leviers d’amélioration.
Enfin, l’annexe légale est un document complémentaire qui accompagne le bilan et le compte de résultat. Elle fournit des informations détaillées qui ne sont pas directement visibles dans ces deux états financiers.
Parmi les données figurant dans l’annexe, on retrouve :
les méthodes d’évaluation utilisées pour les actifs (coût historique ou valeur actuelle) ;
les amortissements et provisions ;
le détail des dettes à court terme et à long terme ;
les engagements hors bilan (par exemple, garanties données).
L’annexe joue un rôle pédagogique en facilitant la compréhension des comptes annuels par les parties prenantes externes (comme les investisseurs ou les banques). Elle est particulièrement utile pour éclairer certains choix comptables et expliquer des variations significatives entre deux exercices.
Les EURL entrant dans la classification des micro-entreprises (pas le régime de l’auto-entrepreneur) n’ont pas l’obligation de tenir l’annexe légale.
Pour rappel, une micro-entreprise est une société qui ne dépasse pas deux des trois seuils suivants :
10 salariés ;
450 000 € de total bilan ;
900 000 € de chiffre d’affaires annuel HT.
À noter :
Ces documents doivent être déposés chaque année (un mois après leur approbation) au greffe du tribunal de commerce pour garantir leur accessibilité publique.
Lorsque le gérant est l’associé unique, le dépôt vaut approbation des comptes.
Les EURL entrant dans la catégorie des micro-entreprises peuvent opter de ne pas rendre public leurs comptes annuels à l’aide d’une déclaration de confidentialité.
La conservation des documents comptables et justificatifs
Les documents comptables doivent être conservés pendant 10 ans.
Cette obligation inclut :
les livres comptables (livre-journal et grand livre) ;
les comptes annuels (bilan, compte de résultat et annexes) ;
les pièces justificatives, telles que les factures clients et fournisseurs, les bons de commande, les bons de livraison, les relevés bancaires.
Cette obligation permet de répondre aux éventuels contrôles fiscaux ou litiges commerciaux.
Une bonne organisation documentaire est essentielle pour éviter les sanctions en cas d’audit fiscal.
À noter :
La conservation des documents peut se faire sous deux formats principaux. À savoir, papier ou numérique.
Les régimes fiscaux et leur impact sur la comptabilité de l’EURL
Le régime fiscal par défaut : impôt sur le revenu (IR)
Par défaut, une EURL est soumise à l’impôt sur le revenu (IR). Les bénéfices sont directement imposés au niveau personnel de l’associé unique dans la catégorie des BIC (bénéfices industriels et commerciaux) ou des BNC (bénéfices non commerciaux), selon l’activité exercée.
Ce régime permet également d’imputer un éventuel déficit sur le revenu global pendant 6 ans maximum.
Même si c’est l’associé qui paie l’impôt, elle doit remplir une déclaration annuelle de résultat.
Le formulaire 2031 et la liasse fiscale 2033 au régime simplifié (liasse 2050-SD et suivantes au régime réel normal) pour une activité commerciale.
Le formulaire 2035 et la liasse fiscale correspondante pour une activité libérale.
L’option pour l’impôt sur les sociétés (IS) : avantages et contraintes
Une EURL peut opter pour l’impôt sur les sociétés (IS), ce qui implique que les bénéfices sont imposés directement au niveau de l’entreprise selon un barème progressif :
15 % par la part inférieure à 42 500 € de bénéfices annuels.
25 % au-delà.
À l’IS, la rémunération du gérant est considérée comme une charge déductible du bénéfice imposable. Cela permet d’optimiser la fiscalité en réduisant le montant soumis à l’impôt. Par exemple, si une EURL réalise un bénéfice brut de 100 000 € et verse 40 000 € de rémunération au gérant, le bénéfice imposable sera réduit à 60 000 €.
Par ailleurs, les bénéfices non distribués peuvent être mis en réserve.
Bon à savoir :
Une EURL doit mettre en place une réserve légale sur laquelle elle doit verser 5 % de son bénéfice annuel. Cette obligation sera levée dès lors que la réserve aura atteint 10 % du capital social.
De plus, le gérant peut cumuler dividendes et rémunération pour optimiser sa fiscalité.
Le régime de l’IS peut favoriser les stratégies d’investissement ou de développement à long terme.
Toutefois, à l’IS l’EURL doit produire une déclaration de résultat fiscal : formulaire 2065 + liasse fiscale (2033 au régime réel simplifié et 2050 et suivants pour le régime réel). Ce document détaille les revenus imposables de l’entreprise après déduction des charges. Il doit être accompagné de la liasse fiscale comprenant les annexes comptables
L’EURL à l’IS doit également s’acquitter d’acomptes trimestriels pour le paiement de l’IS. Elle doit verser quatre acomptes d’IS (15 mars, 15 juin, 15 septembre et 15 décembre) basés sur une estimation des bénéfices annuels. Un solde final est calculé et payé au plus tard le 15 mai de l’année suivante pour les exercices clos au 31 décembre.
À noter :
Cette option devient irrévocable après 5 ans.
Elle peut être avantageuse si l’associé souhaite réinvestir les bénéfices dans l’entreprise plutôt que se rémunérer immédiatement.
Le régime micro-entreprise : simplification des obligations comptables
Une EURL peut bénéficier du régime de la micro-entreprise (le régime fiscal et social simplifié de l’entreprise individuelle) si son chiffre d’affaires reste en dessous des seuils légaux (77 700 € pour les prestations de services et 188 700 € pour les activités commerciales en 2025).
Ce régime simplifie considérablement la gestion comptable : tenue d’un simple livre des recettes/dépenses de micro-entreprise sans obligation de produire des comptes annuels.
Cependant, il limite également la déduction des charges réelles. La déductibilité des frais professionnels est remplacée par un abattement forfaitaire : un pourcentage venant diminué le chiffre d’affaires annuel imposable (34 % pour des activités libérales, 50 % pour des prestations commerciales et 71 % pour les activités d'achat/revente).
Astuce :
Jump a développé un outil tout-en-un pour les micro-entrepreneurs : Jump Micro. Il comprend notamment un logiciel de facturation, le suivi de l’état des factures, le pilotage de son activité, un calendrier des déclarations à effectuer et la tenue du livre des recettes.
FAQ
Est-il nécessaire de nommer un commissaire aux comptes dans une EURL ?
La nomination d’un commissaire aux comptes (CAC) est obligatoire lorsque votre EURL dépasse deux des trois seuils suivants à la clôture de son exercice comptable :
- 50 salariés ;
- 5 millions de total bilan ;
- 10 millions de chiffre d’affaires HT.
Il peut également être nommé volontairement en dessous de ces seuils. Il a alors pour rôle d’auditer les comptes de la société.
Nos derniers articles
Ces articles pourraient aussi vous intéresser

Découvrez Jump
en 20 min
avec Léo.

Moi c'est Léo, je vous explique chaque jour le modèle Jump et ses avantages concrets en 20 minutes chrono. Entre 20 & 30 freelances posent leurs questions à chaque RDV. Rejoignez-nous pour tout comprendre !





