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Auto-Entrepreneur : Quand passer au régime réel ?

Auto-Entrepreneur : Quand passer au régime réel ?

Par Marion Gobourg

Marion Gobourg est diplômée d'un Master II en droit des affaires et fiscalité.

Publié le 9/30/2024 - Mis à jour le 7/28/2025

L’entrepreneur individuel a le choix entre plusieurs régimes : la micro-entreprise et les régimes réels d’imposition (le simplifié ou le normal). Le régime de l’auto-entrepreneur propose des obligations allégées et un abattement forfaitaire avant imposition alors que les régimes réels d’imposition nécessitent de respecter davantage d’obligations. En revanche, ces derniers permettent de déduire au réel les charges professionnelles du revenu imposable. Découvrez les forces et les faiblesses de chaque régime.

Cadre juridique de la micro-entreprise

La micro-entreprise est un régime simplifié de l’entreprise individuelle, accessible sous conditions de chiffre d’affaires. Elle permet de bénéficier d’une comptabilité allégée, d’un mode de calcul simplifié des cotisations sociales et d’une fiscalité avantageuse (abattement forfaitaire ou versement libératoire de l'auto-entreprise). Toutefois, ce statut est réservé aux entrepreneurs dont l’activité ne dépasse pas certains seuils fixés par la loi.

Les seuils de chiffre d’affaires en micro-entreprise

Pour 2025, les plafonds applicables sont les suivants :

188 700 € HT pour les activités de vente de marchandises, de denrées à emporter ou à consommer sur place, ou de fourniture de logement.

77 700 € HT pour les prestations de services commerciales ou artisanales relevant des BIC (Bénéfices Industriels et Commerciaux) et pour les activités libérales dans la catégorie des BNC (Bénéfices Non Commerciaux).

Ces seuils s’apprécient sur une année civile. Si vous débutez votre activité en cours d’année, ils sont calculés au prorata temporis.

Que se passe-t-il en cas de dépassement des seuils ?

Le dépassement des seuils entraîne un changement de régime fiscal et social. Cependant, la loi prévoit une période de tolérance :

Si le chiffre d’affaires dépasse les seuils une seule année (année N), l’entrepreneur peut rester en micro-entreprise.

Si le dépassement intervient deux années consécutives (années N-1 et N), le passage au régime réel devient obligatoire dès le 1er janvier suivant (année N+1).

Exemple concret :
Un graphiste indépendant déclare un chiffre d’affaires de 80 000 € en 2025, puis de 82 000 € en 2026. Il dépasse donc le seuil des prestations de services deux années de suite. À partir du 1er janvier 2027, il sera automatiquement soumis au régime réel d’imposition.

Régime réel et réel simplifié : définition et différences avec le régime micro

Le régime de la micro-entreprise est souvent choisi lors de la création d’une activité professionnelle indépendante. Toutefois, lorsque vous dépassez les plafonds de chiffre d’affaires annuel hors taxes (HT) ou par choix, vous pouvez opter pour le régime réel normal ou pour le régime réel simplifié.

Le régime réel simplifié

Le régime réel simplifié est un régime réel d’imposition. Cela signifie que l’entrepreneur est imposé sur son bénéfice imposable (et non pas sur son chiffre d’affaires comme en micro-entreprise). En effet, il peut déduire toutes ses charges professionnelles du chiffre d’affaires réalisé.

Bon à savoir :

Le régime réel simplifié vous permet de déposer un bilan comptable simplifié et de tenir une comptabilité de trésorerie, c’est-à-dire d’enregistrer uniquement vos encaissements et vos décaissements au jour le jour.

Par ailleurs, si vous optez également pour le régime réel simplifié de TVA, vous n’aurez qu’une déclaration de TVA annuelle à remplir et que deux acomptes à payer :

un premier en juillet équivalent à 55 % de la TVA de l’année précédente ;

un deuxième en décembre de 40 % de la TVA de l’année précédente.

Le régime réel normal

Le régime réel normal est destiné aux « grosses entreprises ». Il suit le même fonctionnement que le régime réel simplifié. Toutefois, il requiert des obligations comptables plus lourdes pour avoir une vision approfondie de la santé financière de l’entreprise.

À noter :

Le régime réel normal impose la tenue d’une comptabilité d’engagement (enregistrement des entrées et sorties d’argent et des créances et dettes). Par ailleurs, vous devrez tenir des comptes annuels détaillés.

S’il est combiné au régime réel normal de TVA, vous aurez une déclaration mensuelle ou trimestrielle de TVA à effectuer. Les paiements se feront au même moment.

Les différences avec le régime du micro-entrepreneur

La plus grande différence entre les régimes réels et la micro-entreprise se situe au niveau de la déductibilité des charges. Avec la micro-entreprise, vous bénéficiez seulement d’un abattement forfaitaire, à savoir un pourcentage appliquer sur votre chiffre d’affaires pour compenser approximativement vos frais professionnels. En revanche, les régimes réels permettent de déduire les dépenses professionnelles du bénéfice imposable.

De plus, la micro-entreprise bénéficie d’un fonctionnement simplifié par rapport aux autres régimes.

Micro-entrepriseRégimes réels d'imposition
Déductibilité des chargesNon, elle est remplacée par un abattement forfaitaire (71 % pour les activités de vente, 50 % pour les prestations de services aux BIC et 34 % pour les activités libérales aux BNC).Oui, le bénéfice imposable est la différence entre le chiffre d'affaires annuel et les dépenses professionnelles.
ComptabilitéComptabilité ultra-simplifiée en micro-entreprise : absence de tenue des comptes annuels. Il suffit de remplir un livre des recettes (et un registre des achats pour les activités de commerce).Obligation de tenir des livres comptables et des comptes annuels.
Cotisations socialesMontant forfaitaire à partir des recettes encaissées et non-déductible des revenus imposables :
  • 12,3 % pour les activités de vente ;
  • 21,2 % pour les prestations de services aux BNC ;
  • 24,6 % pour les activités libérales non réglementées ;
  • 23,2 % pour les activités libérales réglementées).
environ 45 %

Bon à savoir :

L’entrepreneur individuel peut également opter pour l’impôt sur les sociétés (IS) depuis 2022. Dans ce cas, ses cotisations sociales sont calculées sur le montant des rémunérations perçues et sur une partie de ses dividendes.

Pourquoi choisir le régime réel quand on est micro-entrepreneur ?

Le régime de la micro-entreprise est particulièrement intéressant lors de la création d’une activité ne nécessitant pas de lourds investissements. Toutefois, en présence de dépenses professionnelles importantes ou du dépassement des seuils du régime de l’auto-entreprise, il est nécessaire de se tourner vers un régime réel d’imposition.

Les avantages et inconvénients du régime réel simplifié

Contrairement à la micro-entreprise, le régime réel d’imposition s’adresse à toutes les formes juridiques d’entreprise.

Le régime réel simplifié permet de déduire les dépenses professionnelles de son chiffre d’affaires. En contrepartie, il nécessite de remplir davantage d’obligations déclaratives et fiscales.

AvantagesInconvénients
Imposition du bénéfice réalisé (déduction des frais professionnels du chiffre d'affaires de l'entreprise individuelle)Impossibilité d'opter pour l'abattement forfaitaire en présence de faible frais professionnels
Absence d'imposition lorsque le bénéfice imposable est à zéroObligations comptables plus lourdes avec la tenue de livres et des comptes annuels (bilan, compte de résultat, annexe)
Possibilité d'imputer les déficits du revenu global imposable de l'entrepreneur (ou des bénéfices futurs à l'IS)Obligations déclarations plus importantes qu'en micro-entreprise (liasse fiscale à remplir à la place de la déclaration 2042-C-Pro de l'auto-entrepreneur)
Faculté d'obtenir des crédits d'impôts (par exemple, le crédit d'impôt recherche)
Régime ouvert à toutes les entreprises (entreprise individuelle, SARL, EURL, SAS, SASU, etc.)
Calcul des cotisations sociales sur le bénéfice imposable (calcul sur les rémunérations et une partie des dividendes à l'IS)
Possibilité d'optimiser sa rémunération avec l'option de l'IS (rémunération et dividendes)
Tenue d'une comptabilité plus détaillée pour avoir une meilleure visibilité sur la situation financière de l'entreprise, toutefois elle demeure simplifiée par rapport au régime normal :
  • seules les recettes encaissées et les dépenses payées sont enregistrées ;
  • les dettes et les créances sont constatées à la clôture de l'exercice ;
  • l'entreprise peut opter pour un bilan simplifié.

Les avantages et inconvénients du régime réel normal

Le régime réel normal d’imposition reprend les mêmes avantages et inconvénients que le régime réel simplifié.

Toutefois, le régime réel normal a des obligations plus lourdes. À savoir :

l’obligation de remplir un bilan comptable complet pour sa déclaration de résultat ;

la tenue d’une comptabilité d’engagement (enregistrement chronologique des mouvements affectant le patrimoine de l’entreprise, dont des créances et des dettes) ;

la réalisation d’un inventaire annuel pour vérifier les actifs et les passifs de l’entreprise.

Bénéficier du régime réel : les conditions à respecter

Les régimes réels d’imposition sont accessibles à toutes les entreprises, quelles soient à l’impôt sur le revenu ou à l’impôt sur les sociétés.

Les critères du régime réel simplifié

Le régime réel simplifié est obligatoire pour les entreprises qui réalisent un chiffre d’affaires annuel HT compris entre :

77 700 euros et 254 000 euros pour des prestations de services (BIC) ;

188 700 euros et 840 000 euros pour des activités de vente de marchandises.

Toutefois, vous pouvez également opter pour ce régime lorsque votre chiffre d’affaires est inférieur aux plafonds ci-dessus.

Votre choix se fait lors de votre déclaration de revenus auprès de l’administration fiscale. L’option est alors valable un an et est reconductible tacitement tous les ans.

À noter :

Les régimes réels d’imposition ne concernent pas les entreprises relevant des bénéfices non commerciaux (BNC). Ceux-ci relèvent de la déclaration contrôlée.

Les critères du régime réel normal

Le régime réel normal s’adresse aux entreprises qui ont un chiffre d’affaires annuel HT supérieur à :

254 000 euros pour les prestations de services aux BIC ;

840 000 euros pour les ventes de marchandises aux BIC.

Les entreprises au régime réel simplifié peuvent opter pour ce régime lors de leur déclaration de revenus. L’option est valable un an et est reconductible tacitement chaque année.

Régime réel : quels impacts pour le micro-entrepreneur ?

La plus grande nouveauté pour le micro-entrepreneur passant au régime réel d’imposition est qu’il devra tenir une comptabilité.

Les impacts sur la comptabilité

La micro-entreprise n’a pas l’obligation de tenir une véritable comptabilité. Elle peut se limiter à un livre des recettes de l’auto-entreprise. Il récapitule les encaissements perçus au jour le jour.

En revanche, l’option pour un régime réel d’imposition nécessite de tenir une véritable comptabilité :

une version simplifiée pour le régime réel simplifié avec la possibilité d’opter pour une comptabilité de trésorerie (enregistrement des entrées et des sorties d’argent par ordre chronologique dans les livres comptables) et tenue de comptes annuels simplifiés (bilan, compte de résultat et annexe) ;

une version détaillée pour le régime réel normal (comptabilité d’engagement, comptes annuels complets et déclaration fiscale plus détaillée).

Cette comptabilité plus lourde permet d’avoir une vision fiable de la santé financière de votre activité et de renforcer votre crédibilité auprès des créanciers, notamment des banques.

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Les conséquences du côté de la TVA

La TVA des auto-entrepreneurs peut relever :

De la franchise en base de TVA à savoir pas de facturation de TVA et pas de TVA déductible sur les achats professionnels.

Ou d’un régime réel d’imposition.

Dans le cas de la franchise en base, l’entrepreneur doit réaliser moins de :

37 500 euros de chiffre d’affaires annuel HT en prestations de services ;

85 000 euros pour les activités commerciales.

Toutefois, la micro-entreprise peut opter pour la déductibilité de la TVA (article 271 du Code général des impôts) en choisissant un régime réel de TVA.

Régime réel simplifié de TVARégime réel normal de TVA
Conditions
  • chiffre d'affaires annuel HT inférieur à 254 000 euros pour les prestations de services ;
  • chiffre d'affaires annuel HT inférieur à 840 000 euros pour les activités commerciales ;
  • montant annuel de TVA due inférieur à 15 000 euros.
  • chiffre d'affaires HT supérieur à 254 000 euros pour des prestations de services ;
  • chiffre d'affaires HT supérieur à 840 000 euros pour des activités commerciales.
Déclarationune déclaration annuelleune déclaration mensuelle et possibilité d'opter pour une déclaration trimestrielle si la TVA annuelle est inférieure à 4 000 euros.
Paiementdeux acomptespaiement mensuel ou trimestriel

Bon à savoir :

La TVA due est la différence entre la TVA collectée sur vos clients et la TVA déductible de vos dépenses professionnelles.

Les régimes d’imposition et les régimes de TVA ne sont pas obligatoirement liés. Il est possible d’être au régime réel d’imposition, mais sous la franchise en base de TVA par exemple.

Astuce :

Vous allez dépasser le plafond de chiffre d'affaires de la micro-entreprise et passer au régime réel d'imposition de l'entrepreneur individuel ? Et si vous cumuliez portage salarial et auto-entreprise afin de profiter des avantages des deux régimes ?

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FAQ

Peut-on revenir en micro-entreprise après être passé au régime réel ?

En principe, si vous dépassez les seuils deux années de suite, le passage au régime réel est obligatoire et vous ne pouvez plus bénéficier du régime micro-entreprise l’année suivante. Toutefois, si votre chiffre d’affaires repasse sous les seuils, vous pourrez redevenir micro-entrepreneur.

Le passage au régime réel implique-t-il obligatoirement de facturer la TVA ?

Tout dépend de la raison du passage au régime réel.

  • En cas de dépassement du plafond de chiffre d'affaires de la micro-entreprise, vous surpassez forcément celui de la franchise en base de TVA (37 500 € pour les prestations de services et 85 000 € pour les activités de vente) : facturation obligatoire de la TVA.
  • Option volontaire pour le régime réel et vous êtes sous les seuils de la franchise en base de TVA : vous pouvez rester en franchise et ne pas facturer de TVA.

Comment anticiper un éventuel dépassement de seuil ?

Il est important de suivre régulièrement votre chiffre d’affaires, mois par mois, pour anticiper un dépassement des seuils. Vous pouvez aussi réaliser des simulations avec ou sans dépassement pour estimer vos charges futures et ajuster votre stratégie (investissements, tarification, etc.). Certains logiciels ou tableaux Excel permettent de faire ce suivi facilement. C'est notamment le cas de Jump Micro.

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avec Léo.

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