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Les contrats de prestation de services

Les contrats de prestation de services

Par Emma Proust

Emma Proust est diplômée d'un Master II en droit de la propriété intellectuelle et management.

Publié le 9/4/2025 - Mis à jour le 9/5/2025

Le contrat de prestation de services est un outil essentiel pour encadrer toute relation professionnelle fondée sur la fourniture d’un service contre rémunération. Il distingue clairement le prestataire de son client et affirme l’autonomie de celui-ci, contrairement à un contrat de travail. Même s’il n’est pas toujours obligatoire, sa rédaction est vivement recommandée pour sécuriser juridiquement les parties, faciliter la preuve en cas de litige et adapter les modalités aux spécificités de chaque mission.

La diversité des statuts juridiques du prestataire (freelance, auto-entrepreneur, société unipersonnelle, profession libérale, artisan) et la variété des missions (consulting, maintenance, rédaction, formation, nettoyage, etc.) nécessitent un contrat sur-mesure pour chaque situation.

Contrat de prestation de services : de quoi il retourne ?

Qu’est-ce qu’un contrat de prestation de services ?

Un contrat de prestation de services est un accord entre un professionnel (le prestataire) et son client. Le professionnel s’engage à réaliser une mission précise (par exemple créer un site web, réparer une installation, donner une formation, etc.), et en échange, le client s’engage à le payer pour ce travail. L’article 1710 du Code civil le désigne sous le nom de « louage d’ouvrage ». Ce contrat se distingue du contrat de travail car il n’implique aucun lien de subordination entre les parties, le prestataire restant autonome dans la réalisation de la mission. 

Bon à savoir

 Le lien de subordination est caractérisé lorsqu’un client impose au prestataire des directives précises sur la manière de travailler, les horaires, ou les outils à utiliser, et contrôle en permanence son activité. Par exemple, si un client dicte à un consultant indépendant exactement comment rédiger ses rapports et supervise chaque étape, le prestataire pourrait être considéré comme subordonné, et le contrat requalifié en contrat de travail.

Le contrat de prestation de services s’applique à une grande diversité de secteurs : 

Maintenance informatique ; 

Consulting ; 

Ménage ;  

Formation ;  

Création artistique ou technique, etc. 

Le contrat a pour principale fonction d’encadrer très précisément les droits, devoirs et attentes de chacun, afin d’éviter les litiges et incompréhensions quant à la nature de la mission, sa durée, les obligations de résultat ou de moyens, la rémunération et les conditions de paiement. En cas de requalification par un juge (travail dissimulé, lien de subordination avéré), il peut être assimilé à un contrat de travail.

Est-il obligatoire de rédiger un contrat de prestation de services ?

Rédiger un contrat de prestation de services n’est pas toujours obligatoire dans le secteur privé.

Cependant, il s’agit d’une précaution vivement conseillée, voire parfois obligatoire dans certains cas : 

Secteurs réglementés : services informatiques, sécurités, etc. 

Marchés publics : certaines prestations exigent un contrat formel. 

Lutte contre le travail dissimulé : un écrit facilite la preuve de la relation professionnelle. 

Sans contrat écrit, il devient difficile de prouver :

L’existence de la relation contractuelle ; 

Le contenu précis de la mission ; 

Les modalités financières et les obligations de chaque partie.

Le contrat, même sous forme électronique, permet d’encadrer précisément la prestation, la durée, le tarif, les modalités de règlement et les éventuelles clauses spécifiques (confidentialité, non-concurrence, cession de droits, etc). 

Une rédaction sur-mesure est essentielle pour assurer la sécurité juridique des parties et adapter les modalités à chaque cas.

Sous quel statut juridique est-il possible de signer ce contrat ?

Le contrat de prestation de services peut être signé sous divers statuts juridiques, selon la structure des parties. 

Le prestataire peut être : 

Une société commerciale (SARL, SAS, EURL, SASU) ;  

Une entreprise individuelle ;

Un travailleur indépendant (auto-entrepreneur) ;

Profession libérale, ou même un artisan donc toute personne morale ou physique habilitée à exercer à titre professionnel. 

Le client, quant à lui, peut être également une entreprise ou un particulier. 

Dans le cas des freelances ou consultants, la souplesse du statut juridique (auto-entrepreneur, société unipersonnelle) facilite la contractualisation. 

Bon à savoir

Il est essentiel que les parties soient identifiées précisément dans le contrat : raison sociale, forme juridique, numéro d’immatriculation, adresse, représentant légal.

Exemples de contrats de prestation de services

Les contrats de prestation de services sont très répandus dans le monde professionnel, avec des modalités très variables selon la nature de la mission. Chaque contrat doit être adapté à la prestation, à la fois pour décrire clairement la mission et définir les obligations des parties. 

Voici quelques exemples de contenus à intégrer dans le contrat en fonction du type de prestation.

Type de prestationContenu clé du contratPoints spécifiques à inclure
Maintenance informatiqueCompétences techniques, interventions couvertes, délais et réactivité, suivi et reportingMaintenance corrective ou préventive, SLA, outils utilisés
ConsultingObjet de la mission (audit, accompagnement), livrables, durée, mode de facturationSecteur spécifique (RH, finance…), rapports détaillés, forfait ou temps passé
Rédaction web / digitalQuantité d’articles ou contenus, charte éditoriale, délais, cession des droitsNombre de révisions, corrections, format des livrables
Nettoyage industrielType et fréquence du nettoyage, respect des normes d’hygiène, fournitures inclusesHoraires, personnel mobilisé, équipements et produits utilisés
Formation professionnelleObjectifs pédagogiques, programme, durée, nombre de participants, supports fournis, évaluationModalités de suivi, certification éventuelle, obligation de présence
ÉvénementielOrganisation de l’événement, responsabilités logistiques, gestion des prestataires, budget, calendrierAssurances, sécurité, autorisations administratives, gestion des imprévus

​Chaque contrat doit donc être précis et sur-mesure, en intégrant :

La description exacte de la mission ;

Les exigences de résultat ou de moyens ; 

Les clauses spécifiques liées au secteur (confidentialité, propriété intellectuelle, assurances, sécurité, etc.).

Comment bien rédiger un contrat de prestation de services ?

Quelle forme doit prendre un contrat de prestation de services ?

Le contrat de prestation de services doit toujours prendre la forme d’un écrit détaillé, signé par les deux parties. Selon la nature de la mission et le montant en jeu, il pourra s’agir d’un acte sous seing privé ou, plus rarement, d’un acte authentique. 

Bon à savoir

Un acte sous seing privé est rédigé et signé directement par les parties, sans intervention d’un officier public. C’est la forme la plus courante pour les contrats de prestation de services, simple et rapide, et suffisante pour formaliser la plupart des missions. À l’inverse, un acte authentique est rédigé et signé devant un notaire ou un autre officier public, ce qui lui confère une force probante renforcée. Il est recommandé pour les contrats à forts enjeux ou en cas de litige complexe, mais reste plus coûteux et formel. Par exemple, un contrat de consulting classique pour un freelance se fait généralement sous seing privé, tandis qu’un contrat impliquant la cession de biens importants ou des garanties financières pourrait nécessiter un acte authentique.

Dès sa rédaction, le document rassemble des mentions obligatoires : 

Identité des parties ; 

Objet précis du service ; 

Conditions financières et modalités de paiement ;  

Modalités d’exécution (délais, résultats attendus, moyens mis à disposition) ; 

Durée ; 

Modalités de résiliation ; 

Clause attributive de juridiction en cas de litige. 

L’écrit est nécessaire pour faciliter la preuve de l’existence et du contenu de la relation contractuelle. Les contrats sur-mesure priment largement sur les modèles génériques, chaque relation étant unique. Les prestations ponctuelles pourront parfois être formalisées par un devis accepté ou une commande en ligne, mais, là encore, un contrat est préférable dès que les enjeux sont significatifs ou la mission complexe.

Quelles clauses ajouter dans ce contrat ?

Un contrat de prestation de services solide doit comprendre certaines clauses fondamentales. Tout d’abord il doit préciser l’objet du contrat, c’est-à-dire la description exacte de la mission confiée (exemple : « rédaction de 10 articles optimisés SEO par mois » ou « maintenance informatique corrective et préventive »).

La durée doit également être indiquée, qu’elle soit déterminée (contrat de 6 mois pour un projet précis) ou indéterminée (accompagnement récurrent sans date de fin fixée).

Les modalités de paiement constituent un autre élément clé : montant, échéances, conditions de règlement et pénalités de retard doivent être clairement définis. 

Viennent ensuite les obligations du prestataire et du client : par exemple, le prestataire s’engage à livrer un rapport complet avant une date donnée, tandis que le client doit fournir les informations nécessaires dans les délais.

Enfin, certaines clauses spécifiques renforcent la sécurité juridique du contrat :

La confidentialité, pour protéger les données sensibles ;

La non-concurrence, afin d’éviter qu’un consultant ne travaille simultanément pour un concurrent direct ; 

Le transfert de propriété intellectuelle, si le prestataire crée des contenus ou outils destinés au client (exemple : cession des droits d’auteur sur un logo ou un site web).

Le contrat doit aussi prévoir les modalités de résiliation (préavis, motifs légitimes comme la faute grave ou le non-paiement) et les cas de force majeure. Enfin, une clause de résolution des litiges (conciliation, médiation, arbitrage ou recours judiciaire) et la mention de la loi applicable et du tribunal compétent sont indispensables.

Il est également recommandé d’ajouter une clause de modification par avenant pour encadrer tout changement en cours de mission, de préciser les conditions de sous-traitance (si elle est autorisée), et d’anticiper la restitution des documents, équipements ou données à la fin du contrat. Des clauses claires et adaptées à la prestation évitent non seulement les malentendus mais aussi le risque de requalification en contrat de travail.

Voici un tableau récapitulatif des différentes clauses à insérer dans le contrat de prestation de services. 

ClauseDescription / Exemple
Objet du contratDéfinition précise de la mission : ex. « création d’une campagne marketing » ou « audit des systèmes informatiques »
DuréeContrat à durée déterminée (ex. projet sur 3 mois) ou indéterminée pour un accompagnement continu
Modalités de paiementMontant, échéances, conditions de règlement, intérêts en cas de retard
Obligations du prestataire et du clientPrestataire : fournir les livrables dans les délais convenus ; Client : transmettre les informations et accès nécessaires
ConfidentialitéProtection des données sensibles, secrets professionnels ou informations stratégiques
Non-concurrenceInterdiction pour le prestataire de réaliser des missions pour des concurrents directs durant le contrat
Transfert de propriété intellectuelleCession des droits d’utilisation ou d’exploitation sur les créations ou documents produits (ex. site web, supports de formation)
Modalités de résiliationPréavis à respecter, motifs légitimes comme non-respect des obligations ou manquement aux engagements
Force majeureSituations imprévues empêchant l’exécution normale du contrat, comme des catastrophes naturelles ou incidents techniques majeurs
Résolution des litigesProcédure de médiation, arbitrage ou recours judiciaire en cas de désaccord
Loi applicable et tribunal compétentDétermination de la juridiction et du droit applicable au contrat
Modification du contrat (avenant)Procédure pour modifier les termes convenus (ex. ajustement du périmètre ou des tarifs)
Sous-traitanceConditions d’autorisation et limites pour confier une partie de la mission à un tiers
Restitution des documents et équipementsRetour des fichiers, outils, matériels ou supports fournis par le client ou créés durant la mission

Que faut-il faire pour mettre fin à un contrat de prestation de services ?

S’il s’agit d’un CDD

Lorsque le contrat de prestation de services est à durée déterminée (CDD), sa fin intervient généralement à la date prévue sans formalité particulière, sauf tacite reconduction indiquée dans le contrat. Néanmoins, il peut être rompu avant terme en cas de faute grave d’une des parties (par exemple manquement à une obligation essentielle, non-respect des délais, impayés). 

Bon à savoir

Certains contrats prévoient des motifs spécifiques de résiliation anticipée (cas de force majeure, désaccord irréconciliable, changement de circonstances). 

Pour résilier valablement, il faut respecter la procédure prévue par le contrat (notification écrite, préavis, etc.), sous peine d’être redevable de dommages-intérêts ou d’une indemnité compensatoire équivalente aux gains perdus par la partie lésée.

S’il s’agit d’un CDI

Dans le cas d’un contrat de prestation à durée indéterminée (CDI), les parties peuvent y mettre fin à tout moment, sous réserve de respecter un préavis raisonnable prévu par le contrat ou, à défaut, déterminé par l’usage ou la jurisprudence. 

Il est fréquent de fixer contractuellement la durée et la procédure de préavis, parfois assortie d’une indemnisation de fin de contrat. 

La résiliation peut également intervenir :

En cas de faute grave, comme le non-respect des délais critiques ou la divulgation d’informations confidentielles. 

En cas d’inexécution contractuelle, par exemple si le prestataire ne fournit pas les livrables convenus. 

Ou par accord mutuel entre les parties. 

Le respect des formalités contractuelles (lettre recommandée, justification du motif le cas échéant) est déterminant pour limiter le risque de contestation. Un recours amiable ou judiciaire peut être engagé si la résiliation cause un préjudice non justifié. Exemple : Si un client met fin brutalement à un contrat de prestation sans respecter le préavis prévu et sans raison valable, le prestataire peut subir une perte financière importante liée au travail déjà accompli ou aux engagements pris auprès de ses propres fournisseurs.

FAQ

Faut-il obligatoirement rédiger un contrat de prestation de services ?

Non, la loi n’impose pas toujours un contrat écrit dans le secteur privé. Cependant, il est fortement recommandé d’en établir un pour sécuriser la relation entre le prestataire et le client. Un contrat écrit permet de clarifier les obligations de chaque partie, de définir les modalités de paiement et de prestation, et de faciliter la preuve en cas de litige. Dans certains secteurs réglementés ou pour les marchés publics, le contrat écrit est parfois obligatoire.

Quelles sont les clauses essentielles à inclure dans un contrat de prestation de services ?

Certaines clauses sont indispensables pour sécuriser le contrat : l’objet de la prestation, la durée, les modalités de paiement, les obligations du prestataire et du client, la confidentialité, la propriété intellectuelle, les modalités de résiliation, la force majeure et la résolution des litiges. Il est aussi conseillé d’inclure des clauses sur la sous-traitance, la modification du contrat et la restitution des documents ou équipements à la fin de la mission.

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