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Comment fonctionne la facturation au forfait ?

Comment fonctionne la facturation au forfait ?

Par Emma Proust

Emma Proust est diplômée d'un Master II en droit de la propriété intellectuelle et management.

Publié le 11/18/2025 - Mis à jour le 11/24/2025

La facturation au forfait représente aujourd'hui l'un des modes de rémunération les plus prisés par les entreprises et les freelances. Ce système, qui consiste à fixer un prix global pour une prestation définie, offre une alternative séduisante au traditionnel taux journalier moyen (TJM), apportant transparence et prévisibilité aux relations commerciales.

En quoi consiste la facturation au forfait ?

Définition

La facturation au forfait consiste à établir un prix fixe pour une mission spécifique, indépendamment du temps réellement consacré à sa réalisation. Contrairement à la facturation en régie où l'on facture le TJM (taux journalier moyen), en fonction du temps passé, le forfait repose sur le principe de l'obligation de résultats. Le prestataire s'engage à livrer un travail défini selon un cahier des charges précis, pour un montant convenu à l'avance.

Cette approche transforme fondamentalement la relation commerciale : au lieu de vendre du temps, le professionnel vend une expertise et un résultat concret. Le client connaît précisément le coût de sa prestation dès la signature du contrat, tandis que le prestataire assume entièrement les risques liés aux éventuels dépassements.

Le forfait nécessite une définition exhaustive du périmètre de la mission en amont, incluant les livrables attendus, les délais de réalisation et le nombre d'aller-retours clients inclus dans la prestation. Cette contractualisation rigoureuse protège les deux parties et évite les malentendus qui pourraient survenir en cours de mission.

Exemples de prestations adaptées à une facturation au forfait

La facturation au forfait s'adapte particulièrement bien aux prestations avec des livrables définis et un périmètre maîtrisé. Voici les principaux secteurs et métiers qui utilisent ce mode de facturation :

Métiers du digital et de la communication :

Création d'identités visuelles et de logos ;

Refonte de sites internet ;

Campagnes marketing digitales ;

Rédaction de contenus web. 

Secteur du conseil et de la formation :

Audits d'entreprise ;

Études de marché ;

Accompagnement stratégique ponctuel. 

Professions libérales :

Missions juridiques spécifiques ;

Expertises comptables ;

Secteur du BTP et de l'artisanat :

Travaux de rénovation ;

Installation d'équipements ;

Prestations de maintenance. 

Le contrat au forfait fonctionne idéalement pour des prestations de courte durée comme la réalisation d'une identité graphique ou le développement d'une fonctionnalité précise. À l'inverse, les missions de support technique ou d'assistance continue, qui manquent de finalité claire, ne conviennent pas à ce mode de facturation.

Comment bien mettre en place une facturation au forfait ?

Comment déterminer un forfait à facturer ?

La détermination d'un prix forfaitaire nécessite une méthode rigoureuse pour éviter les erreurs d'estimation qui peuvent compromettre la rentabilité de la mission. Voici les étapes essentielles :

Étape 1 : Estimation du temps nécessaire

La première étape consiste à évaluer précisément le nombre de jours ou d'heures requis pour accomplir la mission.

Cette estimation doit inclure :

Le temps de réalisation effective ;

Les échanges et validations avec le client ;

Les éventuels ajustements et corrections ;

Une marge de sécurité pour les imprévus. 

Étape 2 : Calcul du coût horaire de référence

Pour déterminer votre coût horaire, vous pouvez utiliser la formule suivante :

Coût horaire = (Rémunération souhaitée + Charges sociales + Frais professionnels) / Nombre d'heures facturables par mois

Bon à savoir

Le montant des charges sociales d’un freelance dépend du statut juridique sous lequel il exerce. Selon le régime, le pourcentage et la base de calcul varient :

  • Micro-entrepreneur : de 12,3 à 26,1 % du chiffre d’affaires. 
  • EURL ou SARL (rémunération de dirigeant TNS) : les charges sociales sont calculées sur le salaire versé et peuvent représenter 40 à 45 %. 
  • SASU ou SAS (rémunération de dirigeant assimilé salarié) : les charges peuvent atteindre jusqu’à 80% du salaire versé.

Par exemple, pour un freelance exerçant en micro-entreprise (catégorie prestation de services BNC)  :

Rémunération souhaitée : 3000€/mois

Charges sociales et fiscales : 1060€/mois (26,1% en 2026)

Frais divers : 150€/mois

Congés et formation : 190€/mois

Total mensuel : 4 400€

Avec 90 heures facturables par mois, le taux horaire s'élève à environ 49€, arrondi à 50€.

Étape 3 : Application de la formule forfaitaire

Prix forfait = Temps estimé × Taux horaire × Coefficient de marge

Le coefficient de marge (généralement entre 1,2 et 1,5) permet de couvrir les risques inhérents au forfait.

Reprenons l’exemple du dessus, pour un temps estimé de 40 heures de mission et un coefficient de marge de 1,3. 

Prix forfait = 40×50×1,3. 

Donc, pour cette mission estimée à 40 heures, le prix forfaitaire conseillé serait environ 2 600 €, ce qui permet au freelance de couvrir ses charges sociales, ses frais, et d’inclure une marge de sécurité pour les imprévus.

Méthode alternative : l'évaluation par la valeur

Certains prestataires préfèrent baser leur prix sur la valeur apportée au client plutôt que sur le temps passé. Cette approche valorise l'expertise et permet des tarifs plus élevés pour des missions à fort impact business.

Exemple, un consultant en marketing digital aide une PME à optimiser sa stratégie publicitaire en ligne. Grâce à ses recommandations, la PME augmente son chiffre d’affaires de 50 000 € en quelques mois.

Plutôt que de facturer 40 heures × 50 €/h, le consultant peut décider de facturer 10 000 €, en se basant sur la valeur réelle apportée au client et sur l’impact économique de sa mission.

Cette méthode permet de valoriser l’expertise et le résultat plutôt que le temps, et peut justifier un forfait nettement supérieur au tarif horaire classique.

Les éléments à faire figurer dans une facturation au forfait

Une facture au forfait doit respecter les mentions légales obligatoires tout en précisant les spécificités liées à ce mode de facturation.

Mentions générales obligatoires :

ÉlémentDescription
Numéro et date de factureNumérotation unique et chronologique
Identification du prestataireRaison sociale, adresse, SIRET, TVA
Identification du clientNom/dénomination, adresse de facturation
Description de la prestationNature détaillée des services forfaitaires
Prix forfaitaireMontant global HT et TTC
Modalités de paiementDélai (généralement 30 jours) et pénalités

Les spécificités de la facturation forfaitaire résident d’abord dans la nécessité de fournir une description précise de la prestation, en référence au cahier des charges initial ou au bon de commande. Cette précision protège à la fois le client et le prestataire en cas de litige.

Pour les projets de longue durée, la facturation forfaitaire se fait souvent selon des jalons prédéfinis, avec un acompte de 30 % à la commande, des paiements intermédiaires en fonction de l’avancement, et le solde à la livraison finale.

La facture peut également comporter des clauses spécifiques, telles que le nombre de modifications incluses, les délais de validation par le client, ainsi que les éventuels suppléments pour toute demande hors périmètre.

Enfin, elle doit indiquer clairement le taux de TVA applicable (20 % pour la plupart des prestations intellectuelles), avec le montant hors taxes (HT) et toutes taxes comprises (TTC) séparés.

Bon à savoir

La TVA n’est pas toujours applicable sur une facture de prestation. Par exemple, un micro-entrepreneur dont le chiffre d’affaires reste en dessous des seuils de franchise en base de TVA (37 500 € pour les prestations de services en 2025) n’a pas à la facturer. Dans ce cas, la mention « TVA non applicable, article 293 B du CGI » doit figurer sur la facture. 

Comment choisir entre facturation au forfait ou facturation au temps passé (TJM) ?

Les avantages et inconvénients de la facturation au forfait

La facturation au forfait présente des bénéfices significatifs mais implique aussi certaines contraintes qu'il convient d'analyser objectivement.

Avantages de la facturation au forfait 

Les avantages de la facturation au forfait pour le prestataire sont les suivants :

Les avantages de la facturation au forfait pour le prestataire sont les suivants :

Prévisibilité des revenus : le montant de la rémunération est garanti dès la signature du contrat ;

Valorisation de l'expertise : le prix reflète la valeur ajoutée plutôt que le temps passé ;

Liberté d'organisation : possibilité de travailler plus efficacement pour optimiser sa marge ;

Relation client apaisée : absence de débat sur le temps passé. 

Pour le client :

Maîtrise budgétaire totale : coût connu à l'avance sans surprise ;

Engagement de résultat : le prestataire assume la responsabilité du livrable ;

Simplicité de gestion : pas de suivi détaillé des heures.

Inconvénients de la facturation au forfait 

Les risques pour le prestataire sont les suivants :

Portage du risque projet : toute dérive de planning impacte directement la marge ;

Complexité de l'estimation : une erreur de planification peut créer une situation financière délicate ;

Manque de flexibilité : difficulté à intégrer les demandes d'évolution du client ;

Nécessité d'expérience : les débutants ont du mal à estimer précisément leur temps. 

Limites pour le client :

Périmètre figé : toute modification peut engendrer des coûts supplémentaires ;

Négociation complexe : la définition du cahier des charges demande du temps. 

Les entreprises facturant au forfait subissent une perte de rentabilité de 12% sur les missions mal estimées, mais celles qui maîtrisent ce mode de facturation déclarent une amélioration de leur marge sur les projets récurrents.

Les avantages et inconvénients de la facturation au temps passé

La facturation au TJM (Taux Journalier Moyen) reste très répandue, particulièrement dans le conseil et les services informatiques.

Avantages du TJM 

La sécurité financière : le TJM offre une stabilité de rémunération indépendante des résultats obtenus. Cette prévisibilité rassure les freelances ayant des charges fixes importantes.

Une facturation au plus juste : le temps réellement passé est facturé, évitant la sous-estimation des missions complexes.

La flexibilité du projet : les modifications et évolutions du périmètre sont naturellement intégrées dans la facturation.

S’adapter aux missions longues : idéal pour l'accompagnement au long cours et les missions de conseil stratégique.

Inconvénients du TJM 

Plafonnement des revenus : le freelance ne peut pas capitaliser sur son efficacité croissante. Faire en 4 heures ce qui prend une journée à un salarié ne génère que 4 heures de facturation.

Une gestion administrative lourde : il faut tracer scrupuleusement le temps passé et  justifier chaque heure facturée.

Engendrer des conflits potentiels : les clients peuvent avoir l'impression que le prestataire "traîne" délibérément.

Enfin, il peut y avoir une certaine pression temporelle : le client au budget serré peut demander d'accélérer le rythme.

CritèresFacturation ForfaitFacturation TJM
Prévisibilité budget✅ Excellente⚠️ Variable
Flexibilité périmètre❌ Limitée✅ Excellente
Valorisation expertise✅ Forte⚠️ Modérée
Risque prestataire❌ Élevé✅ Faible
Complexité gestion✅ Simple❌ Administrative lourde
Adaptation débutants❌ Difficile✅ Facile

À noter

Le choix entre forfait et TJM dépend donc du type de mission, de l'expérience du prestataire et des préférences du client. De nombreux professionnels adoptent une approche mixte, utilisant le forfait pour les missions récurrentes maîtrisées et le TJM pour les projets exploratoires ou de conseil stratégique.

FAQ

Quelles sont les erreurs fréquentes à éviter lors de la mise en place d'une facturation au forfait ?

Les erreurs les plus courantes concernent l’estimation, le cahier des charges et le suivi. Sous-estimer le temps nécessaire, négliger les allers-retours clients ou oublier la phase de finalisation peut grignoter la marge. Un cahier des charges incomplet ou l’absence de clauses contractuelles (nombre de révisions, périmètre) expose à des litiges. Ne pas suivre les temps réellement passés empêche d’analyser la rentabilité. Il est conseillé d’appliquer un coefficient de sécurité et de prévoir des avenants pour toute modification de périmètre.

Comment gérer les imprévus dans un forfait déjà validé ?

Pour gérer les imprévus, il est essentiel d’anticiper dès le contrat les prestations hors périmètre et d’y prévoir des clauses spécifiques. Tout travail supplémentaire doit être formalisé via un avenant pour ajuster le prix. Cette pratique protège la rentabilité du prestataire et évite les malentendus avec le client. Elle permet également de clarifier les attentes et de maintenir une relation professionnelle saine. Ainsi, chaque évolution de la mission est transparente et sécurisée.

Peut-on mixer TJM et forfait dans une même mission ?

Oui, il est tout à fait possible de combiner un forfait pour la prestation principale et un TJM pour les tâches annexes ou imprévues. Cette approche permet de sécuriser la rentabilité tout en restant flexible face aux besoins du client. Elle est particulièrement utile pour les missions longues ou complexes où certaines parties du projet sont difficiles à estimer. Le forfait couvre les livrables clés, tandis que le TJM prend en charge les ajustements et demandes supplémentaires. Cela évite de perdre de la marge sur des travaux non prévus.

Comment justifier un prix forfaitaire élevé auprès d’un client ?

Pour justifier un prix forfaitaire élevé, il est important de détailler la valeur apportée, les livrables, les délais et l’expertise mobilisée. Le client comprend ainsi que le tarif reflète non seulement le temps passé, mais surtout l’impact concret sur son projet ou son activité. Expliquer la méthodologie, les outils utilisés et les résultats attendus permet de mettre en avant la qualité et la sécurité de la prestation. Cette transparence renforce la confiance et facilite l’acceptation du prix proposé.

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