Freelance : comment trouver son équilibre vie pro, vie perso ?

Marion est juriste en droit des affaires et Coach pour entrepreneurs
Marion est juriste en droit des affaires et Coach pour entrepreneurs
Vous avez peur pour votre retraite ? Ou pour votre situation si par malheur il vous arrivait un accident ? Vous envisagez d’avoir un enfant, mais ne pensez pas pouvoir bénéficier d’un congé parental ? Soyez rassuré, vous n’êtes pas seul : 65,2 % des freelances aimeraient que les droits sociaux des indépendants soient améliorés (statistique communiquée par le Café freelance) !
Quels que soient vos projets, il est important de s’assurer que votre situation professionnelle vous couvre et vous permettra de réaliser vos projets.
En tant qu’indépendant, vous pouvez cotiser à différents régimes : le régime des indépendants et le régime des assimilés salariés.
Spoiler alerte : ce n'est pas vous qui choisissez le régime auquel vous êtes soumis puisque ce dernier découle directement de votre choix de statut freelance.
En micro-entreprise, en entreprise individuelle et en entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL), vous cotisez au régime des indépendants et celui-ci a mauvaise réputation.
Pourquoi ? Parce que la prévoyance des indépendants n'est pas directement liée à leur couverture maladie. Ceci signifie que les garanties proposées sont, dans la plupart des cas, insuffisantes pour compenser les pertes de revenu suite à un accident, une maladie ou encore un décès.
Comment y remédier ? Si vous choisissez ce régime, il est très important de souscrire un contrat de prévoyance afin de bénéficier d’une meilleure couverture sociale !
Bon à savoir : les taux de remboursement des dépenses de soins par la sécurité sociale sont, quant à eux, identiques à ceux du régime général des salariés.
Vous pouvez aussi choisir un régime juridique qui correspond à vos projets de vie personnelle. Car oui, être indépendant ne signifie pas forcément être auto-entrepreneur ! Être indépendant, freelance, signifie travailler à son compte : vous pouvez donc monter une société ou encore être en portage salarial !
PS : Concernant le gérant de l’EURL, à l’ouest rien de nouveau, il cotise au régime des… *roulements de tambours… indépendants ! Vous cotiserez donc comme un entrepreneur individuel pour votre couverture santé.
Et si vous ne vous versez pas de rémunération ? Vous devrez payer des cotisations minimales d'environ 1300 euros par an et bénéficierez d’une protection minimum.
En tant qu’indépendant, vous avez donc également la possibilité de créer une société par action simplifiée unipersonnelle (SASU) et votre situation sera différente. En effet, c’est le seul statut qui vous offre la même couverture qu’un salarié pour votre couverture santé. Toutefois, il faut savoir que les cotisations sociales sont élevées : 60 à 70 % de vos rémunérations.
Et si vous ne vous versez pas de rémunération ? Vous paierez 0% de cotisations sociales, mais ne bénéficierez d’aucune protection sociale.
Statut moins connu encore aujourd’hui, mais pas des moindres ! Si vous êtes en portage salarial, vous pouvez être indépendant et bénéficier d’une protection sociale complète.
Rattaché au régime général de la sécurité sociale, vous bénéficiez donc de la même protection santé qu’un salarié.
Il suffit de signer un contrat de travail (CDI ou CDD) avec une entreprise de portage salarial. Ce contrat vous permet, en tant que salarié porté, de cotiser et de bénéficier des mêmes avantages que ceux d’un salarié “traditionnel” (retraite, assurance maladie, chômage).
Malheureusement, il s’agit encore d'un statut limité aux freelances qui :
Les personnes exerçant des activités de service à la personne (travaux chez un particulier, jardinage, garde d’enfants, etc.) sont encore exclues du portage salarial.
Si vous avez un doute sur votre éligibilité : on vous en dit plus sur notre article dédié aux profils non éligibles au portage, les critères d’éligibilité et les alternatives possibles !
Votre retraite en indépendant sera, une fois de plus, nettement inférieure à celle des salariés. Il est toutefois important de différencier les artisans/commerçants et les professions libérales.
S’agissant des commerçants et artisans, le régime de base est aligné sur celui des salariés et se calcule selon la formule suivante : Revenu annuel moyen × Taux × (Nombre de trimestres d'assurance artisan ou commerçant / Durée de référence).
La différence majeure entre les travailleurs salariés et les indépendants porte sur les taux de cotisation et la rémunération sur laquelle s'appliquent ces taux !
Concernant les professions libérales, la pension de retraite de base dépend du nombre de points acquis et de la durée d'assurance, mais la retraite complémentaire (et obligatoire) dépend de la profession exercée.
Concernant le chômage, si vous cotisez au régime des indépendants, vous cotisez pour votre retraite et votre santé mais pas pour le chômage.
Le régime des assimilés salariés est plus protecteur que le régime des indépendants car vous cotisez de la même manière qu’un salarié pour votre retraite ! Toutefois, vous ne cotisez pas pour le chômage.
En plus de cotiser pour votre assurance santé comme un salarié, si vous êtes en portage salarial, vous cotisez au chômage et à la retraite (de base et complémentaire) et bénéficiez donc de la même protection et des mêmes droits au chômage et à la retraite que ceux des salariés !
L’arrivée d’un bébé soulève de nombreuses interrogations et plus particulièrement celle des congés maternité et paternité. Tout d'abord, il faut savoir qu’un congé maternité comprend à la fois un congé prénatal, et un congé postnatal, alors que le congé paternité n’est que postnatal.
Depuis la réforme du 1er janvier 2019, vous bénéficiez des mêmes droits que les salariés pour interrompre temporairement votre activité. La durée maximale de votre congé maternité ainsi que la prise en charge des soins et consultations médicales sont également quasiment identiques.
Toutefois, les méthodes de calcul des indemnités journalières restent différentes, et dépendent toujours de votre situation.
Pour être éligible aux indemnités journalières, vous devez justifier d’au moins 10 mois d’affiliation à la CPAM au titre de non salarié et cotiser à l’assurance maladie et maternité (CSG). Le montant de vos indemnités sera calculé en fonction de vos chiffres d’affaires moyens des trois dernières années.
Concernant le congé paternité, vous devez être le père de l’enfant et être marié ou vivre avec la mère. La durée du congé est de 25 jours, à prendre durant les 6 mois qui suivent la naissance de l’enfant. Il faut également justifier de 10 mois d’activité.
La demande de congés parentaux s’effectue auprès de la sécurité sociale.
En portage salarial, vous l’aurez compris, vous bénéficiez d’un contrat de travail CDI et donc des mêmes avantages que les salariés. Vos congés parentaux seront donc identiques à ceux d’un salarié classique.
En tant qu’indépendant, l’accès au logement (achat ou location) peut souvent être plus long et compliqué.
Pourquoi ? Parce que pour demander un crédit immobilier en tant qu’indépendant, la banque exige un dossier complet, comprenant au moins deux à trois bilans comptables positifs.
Est-ce systématiquement le cas ?
Non !
La bonne nouvelle, c’est que le choix de votre régime social peut avoir un impact sur vos projets immobiliers. D'où l'importance de bien choisir son statut.
Pour emprunter, que vous soyez auto-entrepreneur, entrepreneur individuel ou dirigeant d’une société, vous serez amenés à justifier de la provenance de vos revenus. La banque exige un dossier complet présentant au moins deux bilans comptables positifs.
En tant qu’auto-entrepreneur, le nombre de bilans attendus peut être encore plus élevé du fait de la précarité du statut. En société, vous devrez justifier de la stabilité de votre société tout en démontrant sa croissance constante.
Emprunter après avoir créé un de ces statuts juridiques s’avère donc relativement complexe.
Concernant la protection de votre patrimoine déjà existant, il faut savoir garder ces informations à l’esprit :
Comme vu précédemment, le portage vous offre une sécurité et une stabilité au regard du contrat en CDI que vous signez. Votre demande de crédit immobilier sera également plus facile et rapide. En effet, les banques seront rassurées par vos bulletins de salaire qui prouvent plus facilement une certaine stabilité.
Par conséquent, vous n’aurez pas à justifier de deux années de stabilité et de croissance et pourrez emprunter plus rapidement même si vous vous êtes lancé en freelance récemment.
Le prix que vous allez proposer ne dépend pas uniquement de vos compétences professionnelles et des prix du marché ! Il dépend également de vos envies, aspirations, projets ou encore du temps que vous souhaitez consacrer à votre activité.
Il faut bien comprendre que votre prix sera différent selon que vous ayez envie de travailler trois jours par semaine ou cinq. Il est donc important de se fixer des objectifs de revenus et de temps de travail objectifs et réalistes.
La question importante à se poser : combien souhaitez-vous gagner par mois ?
Afin de déterminer ce montant, il est important de faire la liste de toutes vos charges professionnelles et personnelles. Il faut donc prendre en comptes :
Cette fois-ci, il faut que vous vous interrogiez sur le nombre de jours par mois que vous souhaitez consacrer à votre activité ainsi que le nombre de congés que vous souhaitez prendre.
Souhaitez-vous conserver un rythme de 5 jours par semaine ? Moins ? Plus ?
Attention, dans votre calcul, vous devez évidemment prendre en compte que vous ne pourrez certainement pas facturer tous les jours travaillés. Il y a aussi du travail pour lequel vous ne serez pas rémunéré : vos démarches administratives, vos formations au freelancing, la création de contenus pour vos réseaux sociaux ou encore le temps passé à chercher des nouveaux clients.
Trouver un équilibre vie professionnelle, vie personnelle, n’est pas évident et ne se fait pas en un jour ! Marine Talaucher, recruteuse indépendante, parle de son expérience dans une interview publiée par Alexis Favre :
Alors comment s’y prendre ? Déterminer un lieu de travail, bien choisir ses missions, apprendre à s’organiser et savoir déconnecter pourront vous aider !
86 % des freelances travaillent depuis leur domicile (statistique communiquée par le Café freelance).
Plus d’efficacité à la maison, temps de trajet économisé ou encore manque de moyen financier pour louer un bureau, les motivations de chacun sont nombreuses.
L’important ? Apprendre à se connaître et choisir son lieu de travail en fonction de son efficacité.
Mais il faut garder en tête que vous n’êtes pas obligé de vous limiter à votre domicile, d’autres options existent : aller dans un espace de coworking, travailler dans le café en bas de chez vous, travailler chez des amis indépendants ou en télétravail ou encore travailler quelques semaines à l’étranger. Vous avez la liberté de varier les plaisirs, alors profitez-en.
Bon à savoir : tout le monde vous le dira, si vous travaillez de chez vous, il est primordial de s’organiser un espace pour travailler et de ne pas laisser votre vie professionnelle envahir votre domicile et donc votre vie personnelle.
Apprendre à choisir et donc à refuser des missions est primordial. Il existe deux cas de figures principaux où il faudra apprendre à dire non à un nouveau client :
Savoir organiser son temps de travail est également très important. Certains de vos clients vous traiteront comme l’un de leurs salariés et ces relations empiéteront sur votre autonomie. Si vous avez une organisation en béton, ce genre d'événement sera vite réglé. En général, la gestion de votre temps doit être organisée selon : la durée de vos missions, le temps alloué à vos démarches administratives et à votre prospection.
42 % des freelances prennent moins de 3 semaines de congés par an (encore et toujours une statistique du Café Freelance, merci à eux). Apprendre à déconnecter, à prendre du temps pour soi, pour partir en vacances est important quand on est freelance.
Une fois en vacances, il est aussi important de totalement déconnecter, d’éviter les appels ou les messages pros. Il y a un moment pour tout.
Penser à activer une réponse automatique sur sa boîte mail ou encore à désactiver ses notifications sur son téléphone peut être un bon moyen de réellement déconnecter. Une bonne déconnexion est primordiale pour rentrer avec les batteries rechargées, le stress évacué, la motivation et l’énergie décuplées.
Toutefois, si cette déconnexion vous semble trop radicale, d’autres méthodes telles que le slow freelancing existent, comme l’explique Brice Scwartz, créateur de Slow Freelancing, Le Podcast :
L’important, c’est de profiter de votre flexibilité de freelance et de choisir le mode qui vous correspond sans culpabiliser. Vous êtes votre propre patron, profitez-en.