Le chômage pour les travailleurs indépendants : mode d’emploi
Le freelancing est souvent perçu comme un saut dans le vide, loin du filet de sécurité que représente le salariat.
Parmi les avantages rassurants dont s’éloignent les travailleurs indépendants, le chômage est probablement l’un de ceux qui posent le plus question.
De nombreux freelances savent en effet qu’ils peuvent bénéficier des aides au retour à l’emploi (ARE) lorsqu’ils se lancent. Cependant, peu connaissent les conditions de cette indemnisation.
Par ailleurs, bon nombre d’indépendants pensent qu’ils n’auront pas droit au chômage s’ils cessent leur activité. Pourtant, cette option n’est pas nécessairement exclue…
Dans cet article, on lève le voile sur le « cumul chômage et travailleur indépendant ».
En bref
- L’Allocation pour les travailleurs indépendants (ATI) s’adresse aux indépendants ayant cessé involontairement leur activité après au moins 2 ans dans une seule entreprise.
- Son montant est forfaitaire : entre 19,73 €/jour (~600 €/mois) et 26,30 €/jour (~800 €/mois) pendant 182 jours (6 mois) maximum.
- La Aide au retour à l’emploi (ARE) reste destinée aux salariés, elle ne peut pas être cumulée avec l’ATI.
- Les trois conditions clés pour bénéficier de l’ATI : cessation d’activité involontaire, activité indépendante d’au moins 2 ans dans une même entreprise et revenus antérieurs suffisants (≥ 10 000 € sur une des 2 dernières années).
Peut-on conserver ses indemnités de chômage lorsqu’on se lance en indépendant ?
Oui, il est possible de conserver le versement de ses aides au retour à l’emploi (ARE) lorsqu’on devient freelance. Cependant, le maintien de cette indemnisation est soumis à différentes conditions.
Sous quelles conditions peut-on conserver ses droits au chômage lorsqu’on se lance en tant que travailleur indépendant ?
Pour cumuler les revenus issus de sa nouvelle activité indépendante avec ses allocations chômage, un freelance doit remplir au moins trois conditions :
Il doit être inscrit auprès de France Travail et actualiser sa situation chaque mois auprès de cet organisme ;
Il doit être éligible à l’aide au retour à l’emploi (ARE), c’est-à-dire satisfaire les conditions d’indemnisation fixées par la loi ;
Ces conditions s’appliquent lorsque l’indépendant est un repreneur ou un créateur d’entreprise (auto-entrepreneur, entrepreneur individuel, EURL, SASU), mais aussi s’il travaille en portage salarial.
Quel est le montant des indemnités versées par Pôle emploi en cas de cumul chômage et travail indépendant ?
Le montant des droits au chômage que perçoit un freelance qui cumule travail indépendant et chômage se calcule en déduisant 70 % de sa rémunération, à l’allocation versée initialement.
En pratique, un demandeur d’emploi percevant une allocation mensuelle de 1 500 € peut continuer à recevoir une partie de son ARE s’il démarre une activité indépendante.
Si cette activité lui rapporte 700 € de revenus, France Travail déduira 70 % de ces revenus, soit 490 €, de son allocation initiale :
1 500 € – 490 € = 1 010 € d’ARE maintenue.
Depuis le 1ᵉʳ avril 2025, le cumul ARE + revenus d’activité ne peut toutefois pas dépasser 60 % des droits restants au moment de la création d’entreprise.
Autrement dit, le maintien partiel de l’ARE s’arrêtera dès que le total des sommes versées atteindra ce seuil.
Exemple
Prenons l’exemple d’un demandeur d’emploi disposant d’un reliquat de droits au chômage de 10 000 € au moment où il crée son activité indépendante. Depuis la réforme du 1ᵉʳ avril 2025, le cumul entre les revenus d’activité et l’ARE est désormais plafonné à 60 % des droits restants, soit 6 000 € dans ce cas. Autrement dit, dès que le total des allocations versées atteint ce seuil, le versement de l’ARE s’interrompt, même si la durée initiale des droits n’est pas encore épuisée.
Est-ce qu’un travailleur indépendant a droit au chômage lorsqu’il cesse son activité ?
Nous l’avons vu, un freelance qui démarre son activité peut conserver, sous certaines conditions, le versement de ses aides au retour à l’emploi (ARE).
Mais qu’en est-il lorsqu’il arrête son activité ? C’est la question à laquelle nous allons répondre à présent.
Attention, nous distinguerons ici deux cas : celui du travailleur indépendant à la tête de sa propre entreprise (EI, SASU, EURL, micro-entreprise) et celui du freelance en portage salarial. En effet, ces deux statuts ne jouissent pas du même traitement.
Un travailleur indépendant peut-il bénéficier du chômage quand il arrête son activité ?
Depuis le 1er novembre 2019, les travailleurs non salariés (TNS) qui cessent leur activité ont droit au chômage, ou plus exactement, à une aide dénommée allocation pour les travailleurs indépendants (ATI).
Cette allocation n’entraîne aucune cotisation supplémentaire : elle ne modifie donc pas le montant des charges sociales dues par les indépendants.
En contrepartie, l’obtention de cette indemnisation dédiée aux travailleurs indépendants est soumise à des conditions restrictives.
Ainsi, pour bénéficier de l’ATI il est nécessaire :
D’avoir mis fin définitivement à son activité à cause d’une liquidation judiciaire, d’un redressement judiciaire ou d’une baisse d’au moins 30 % de son chiffre d’affaires attestée par un tiers de confiance (un expert-comptable par exemple) ;
D’avoir exercé en tant qu’indépendant pendant au moins deux ans sans interruption et au sein de la même entreprise ;
D’avoir touché au moins 10 000 euros de revenus au cours de l’une de ces deux dernières années d’activité (7500 euros pour Mayotte) ;
De disposer de ressources personnelles d’un montant inférieur à celui du RSA, soit 635,71 € en 2025 pour une personne seule (ce montant sera revalorisé en 2026) ;
De ne pas avoir profité de l’ATI depuis au moins 5 ans.
D'être à la recherche d'un emploi et inscrit comme demandeur d'emploi auprès de France Travail ;
De ne percevoir ni indemnisation chômage, ni pension de retraite à taux plein, ni revenu de remplacement d'un autre régime ;
Par ailleurs, la durée de versement de l’allocation pour les travailleurs indépendants (ATI) ne peut dépasser 6 mois (182 jours) non renouvelables.
Enfin, le montant de l’ATI est calculé en fonction des revenus perçus au titre de l’activité indépendante, au cours des deux dernières années précédentes. Son montant est compris entre 600 euros et 800 euros par mois maximum (entre 400 et 600 euros par mois à Mayotte).
Voici un tableau pour vous aider à y voir plus clair sur la distinction ARE et ATI :
| Critère | ARE (Allocation d’Aide au Retour à l’Emploi) | ATI (Allocation des Travailleurs Indépendants) |
|---|---|---|
| Public concerné | Salariés du secteur privé (ou assimilés) ayant perdu involontairement leur emploi | Travailleurs non-salariés (artisans, commerçants, professions libérales, dirigeants, auto-entrepreneurs) ayant cessé définitivement et involontairement leur activité indépendante. |
| Conditions d’éligibilité principales |
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| Montant / calcul |
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| Durée maximale d’indemnisation | Variable selon la situation (âge, durée d’emploi, etc.) En moyenne : jusqu’à 548 jours pour les moins de 55 ans | Durée fixe de 182 jours maximum (environ 6 mois), non renouvelable |
| Cumul avec d’autres allocations / activités | Possible sous conditions : cumul partiel avec une activité réduite ou la création d’entreprise (dans la limite de 60 % du reliquat des droits) | Non cumulable avec l’ARE ou l’ASS. Un cumul temporaire avec une nouvelle activité est possible pendant 3 mois. |
| Droit d’option ou priorité entre dispositifs | Si plusieurs droits ouverts, c’est l’ARE qui s’applique par défaut | En cas de double droit (ARE + ATI), l’allocataire peut opter pour le dispositif le plus avantageux dans un délai de 30 jours. |
Un freelance en portage salarial peut-il bénéficier du chômage à la fin de son activité ?
Oui, les freelances en portage salarial peuvent bénéficier du chômage à la fin de leur activité, et cela dans des conditions bien plus favorables que les autres indépendants.
Le portage salarial est une forme d’emploi hybride qui permet à un professionnel autonome de travailler pour ses propres clients tout en bénéficiant du statut de salarié auprès d’une société de portage. Celle-ci gère les aspects administratifs, comptables et sociaux, ce qui ouvre notamment droit à l’assurance chômage.
Les salariés portés cotisent auprès de l’assurance chômage au même titre que les salariés classiques. S’ils cessent leur activité d’indépendant, ils jouissent donc d’une couverture chômage identique à celle des autres salariés.
Ainsi, pour être indemnisé, un indépendant en portage salarial doit avoir été salarié durant au moins 6 mois au cours des 24 derniers mois (36 mois pour les plus de 53 ans) et demander une rupture conventionnelle à sa société de portage salarial.
S’il remplit ces critères, l’ex freelance porté peut bénéficier d’allocations chômage. Le montant de celles-ci est calculé en fonction de son salaire journalier de référence (SJR).
Ce dernier correspond à la somme des rémunérations brutes qu’il a perçues au cours des 24 (ou 36 mois) précédents, divisée par le nombre de jours compris entre le 1er jour et le dernier jour de son contrat de portage salarial.
Le montant journalier brut de l’ARE est déterminé selon la formule la plus favorable entre : 40,4 % de votre salaire journalier de référence (SJR) plus 13,18 € ou 57 % du SJR.
Le résultat retenu ne peut être inférieur à 32,13 € brut/jour et ne peut excéder 75 % du SJR (avec un plafond spécifique de 294,21 € brut/jour à partir de juillet 2025). »
Pour estimer le montant de vos allocations perte d’emploi, rendez-vous sur le simulateur de droits mis à disposition par Pôle emploi.
Bon à savoir
Pour découvrir en détail tous les avantages du portage salarial et comprendre comment il peut sécuriser votre activité tout en conservant votre autonomie, participez à notre rendez-vous démo de groupe. Vous pourrez poser vos questions en direct et obtenir des conseils pratiques pour décider si ce statut est adapté à votre situation.
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FAQ
Est-ce qu’un auto-entrepreneur peut toucher le chômage ?
Oui, un auto-entrepreneur peut percevoir des allocations chômage comme les autres travailleurs non salariés (TNS).
S’il est éligible à l’ARE lors de la création de son activité, il peut en conserver le versement.
En cas d’arrêt involontaire et définitif, il peut bénéficier de l’Allocation des Travailleurs Indépendants (ATI).
Pour cela, il doit avoir exercé au moins 2 ans sans interruption et généré au moins 10 000 € sur l’une des deux années.
Le montant mensuel varie entre 600 et 800 € (400–800 € à Mayotte) pour une durée maximale de 6 mois.
L’ATI ne génère pas de cotisations sociales supplémentaires.
La situation reste similaire à celle des autres indépendants, sauf pour les salariés portés, qui bénéficient du chômage comme des salariés classiques.
Faut-il souscrire une assurance chômage privée lorsqu’on est indépendant ?
Depuis le 1ᵉʳ novembre 2019, les TNS peuvent bénéficier de l’allocation pour les travailleurs indépendants (ATI) en cas de cessation involontaire et définitive de leur activité.
L’ATI reste partielle : jusqu’à 800 € par mois pendant 6 mois.
Pour une protection plus complète, il est souvent conseillé de souscrire une assurance chômage privée. Selon le courtier en assurances Coover, ce type d’assurance, peut prendre la forme d’une « assurance chômage du dirigeant » ou d’un « contrat de prévoyance TNS » (pour les auto-entrepreneurs).
La couverture dépend du contrat choisi : montant et durée de l’indemnisation peuvent être supérieurs à l’ATI.
L’arrêt d’activité doit être involontaire pour être indemnisé.
Le portage salarial constitue une autre option, permettant de bénéficier des droits au chômage des salariés classiques.
Puis-je cumuler l’ATI et des revenus ?
L’Allocation des Travailleurs Indépendants (ATI) peut être cumulée temporairement avec de nouveaux revenus, mais uniquement pendant 3 mois maximum après son ouverture. Le cumul est autorisé dans la limite du plafond du RSA, et le montant de l’allocation peut être ajusté selon les ressources. En revanche, l’ATI n’est pas cumulable avec d’autres allocations comme l’ARE ou l’ASS. Dès que l’activité reprend de manière stable, le versement de l’ATI s’arrête.
RSA et ressources : quel impact sur l’ATI ?
Pour percevoir l’ATI, les ressources du foyer doivent être inférieures au montant du RSA applicable à la composition familiale. Cela inclut tous les revenus : salariaux, non-salariaux, aides diverses. Si les ressources dépassent le plafond, le droit à l’ATI est refusé ou suspendu. Ce critère vise à réserver l’allocation aux indépendants réellement en difficulté financière après la perte d’activité.
Quels sont les délais pour demander l’ATI ?
La demande d’ATI doit être faite dans les 12 mois suivant la cessation définitive de l’activité indépendante. Il est conseillé de s’inscrire rapidement à France Travail pour éviter toute perte de droit. Le versement intervient après instruction du dossier et vérification des justificatifs (durée, revenus, cessation). En moyenne, le délai de traitement est d’environ 1 à 2 mois avant le premier paiement.
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